Gazette de l’année 2024-2025

Cette page est la vôtre pour partager les bons moments de vos randonnées, se souvenir.

Si vous le souhaitez, Evelyne vous remercie de lui faire parvenir vos écrits surtout lorsqu’elle ne participe pas aux randonnées.

Lundi 2 décembre : le Paris des expositions universelles. La première exposition des produits de l’industrie française eut lieu en 1798 pour relancer l’économie française, la seconde en 1801, dans la cour carrée du Louvre où débute notre balade. Les expositions « universelles » apparurent au XIXème siècle, à Londres en 1851, à Paris en 1855 et 1867 pour mettre à l’honneur les meilleures créations techniques, industrielles, commerciales, artistiques et architecturales des pays qui y participaient. A paris, elles furent suivies par trois autres en 1878, 1889, 1900 et par les Expositions internationales de 1925 et de 1937 qui ont fait sortir de terre des monuments supposés être éphémères, finalement devenus des incontournables du paysage parisien que nous allons redécouvrir tout au long de l’après-midi. L’édition de 1867 marqua l’apogée du second Empire, Paris terminant alors sa transformation Haussmannienne. Paris fit sensation en ouvrant le premier aquarium du monde dans les jardins du Trocadéro. Jules Verne s’en inspira pour Vingt mille lieues sous les mers. En 1878, l’Exposition fut placée sous le signe de la réconciliation nationale. L’ancien Palais du Trocadéro fut construit.  Du côté des inventions, on honora la machine à coudre de Benjamin Peugeot. L’Exposition Universelle de 1889 ne pouvait être que synonyme du centenaire de la Révolution Française et c’est pourquoi elle se retrouva boycottée par plusieurs monarchies européennes Ce qui n’empêcha pas l’événement de rassembler 32,3 millions de visiteurs autour de notre iconique Tour Eiffel, signée Gustave Eiffel. Innovante, plus grande tour du Monde à l’époque et véritable révolution dans l’architecture parisienne, elle célébra les avancées techniques et scientifiques françaises depuis la Révolution. Elle échappa à la démolition, ayant fait la preuve de son intérêt scientifique et  elle est, depuis son inauguration, LE symbole de notre capitale. Au cours de cette édition de 1889, le soutien-gorge fut présenté pour la première fois ainsi que de nombreuses machines à vapeur. L’électricité, particulièrement mise en avant par une fontaine lumineuse et colorée fit également sensation. L’Exposition Universelle de 1900, la cinquième organisée par Paris, fut la plus importante en France et marqua le tournant du siècle. À cette occasion, un immense banquet fut organisé avec tous les maires français à l’initiative du président de la République, Émile Loubet, ce qui concerna 22 965 convives dans le jardin des Tuileries, notre deuxième étape. L’électricité nocturne et les fontaines lumineuses émerveillèrent les visiteurs. Cette exposition est également la première dont on ait une trace cinématographique grâce aux projections de films des frères Lumière sur écran géant. Accueillant, en seulement 212 jours, 51 millions de visiteurs, l’exposition universelle de 1900 légua à Paris quelques monuments et édifices encore visibles aujourd’hui. Comme vous l’avez compris, notre randonnée nous transporte d’un côté à l’autre de la Seine, déambulant d’une construction à sa suivante. Avant de devenir un musée en 1986, Orsay était une gare ! La façade côté Seine porte encore le nom des villes desservies dont les départs étaient rythmés par des horloges aujourd’hui iconiques. Terminus de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, la gare devait accueillir les visiteurs et délégations étrangères de l’Exposition universelle de 1900. Sur le parvis se cachent d’autres vestiges de l’Expo universelle de 1878 : les statues d’animaux en fonte et les statues des six continents. La gare des Invalides, inaugurée le 12 avril 1900, accueillit des navettes assurant la liaison avec la gare du Champ-de-Mars. Le 14 avril 1900, le Président Émile Loubet inaugura le pont Alexandre III, symbole de l’amitié franco-russe ouvrant officiellement l’Exposition universelle. En vue de l’événement, Paris ambitionna de créer un axe républicain entre les Invalides et le Palais de l’Élysée qui annonça la destruction du palais de l’Industrie inauguré par Napoléon III pour l’Expo universelle de 1855 pour laisser place à l’actuelle avenue Winston-Churchill et à la construction de deux nouveaux monuments : le Grand et le Petit Palais. Gestion des flux et efficacité des transports, tel fut le défi de l’Exposition universelle de 1900, d’où la construction d’une passerelle métallique en 1898 pour permettre la circulation piétonne d’une rive à l’autre de la Seine. Nous l’empruntons. La dernière Exposition Universelle organisée en France se tint en 1937 avec pour thème les arts et techniques de la vie moderne. L’événement a, lui aussi, laissé de nombreuses traces dans la capitale comme le Palais de Chaillot, qui remplace l’ancien Palais du Trocadéro, le Palais des musées d’Art Moderne, le Pavillon des Travaux Publics ou encore le Palais de Tokyo. Bâti lui aussi à l’occasion de l’Expo universelle de 1937 pour célébrer les sciences, le Palais de la Découverte attira de mai à novembre près de deux millions de visiteurs, un vrai record ! Ce succès de fréquentation lui valut d’échapper à la destruction. Parmi le lot d’inventions présentées lors des expos universelles, les bateaux-mouches, indissociables de Paris, firent leur apparition en 1867. Les expositions universelles ont fortement contribué aux progrès des transports. En vue de celle de 1900, le conseil municipal de Paris approuva la mise en chantier du chemin de fer métropolitain dont la toute première ligne fut inaugurée le 19 juillet 1900. Nous terminons notre randonnée sur le Champ-de-Mars qui servit de cadre aux expositions de 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937 et à la construction de pavillons surprenants.

Mardi 3 décembre : Nous prenons la direction du 12ème arrondissement. Traditionnellement, dès le XVème siècle, le faubourg Saint-Antoine, surnommé « Faubourg du Meuble », fut celui des ébénistes avec des dizaines d’ateliers installés au fond d’impasses, de cours et d’arrière-cours que nous parcourons cet après-midi. En 1700, près de 500 menuisiers et 400 ébénistes y travaillaient , du petit apprenti au grand artisan de renom. Il faut dire que la proximité de ports de débarquement le long de la Seine y favorisait le développement des métiers du bois. Les plus belles créations de l’ébénisterie française du 17éme et 18ème siècles ont été élaborées dans le faubourg Saint-Antoine. Aujourd’hui, les odeurs de sciure, de vernis et de colle sont moins présentes mais les artisans n’ont pas tous disparu et le charme continue d’opérer.  Nous arpentons des passages pavés et des allées secrètes uniquement réservés aux piétons et ainsi baignés dans un silence presque dépaysant à la recherche du passé artisanal. Belles fontaines, vieilles maisons à pans de bois, sont au menu de notre balade particulièrement pittoresque. Le passage du Chantier est assurément un formidable vestige de ce Paris d’antan.  Cette vieille voie pavée et étroite fut ouverte en 1842 avec un chantier de bois à brûler en son sein. Bien qu’assez étroit et peu lumineux, voire parfois sombre, il demeure pourtant très coloré, grâce aux tons variés des façades de ses échoppes. De vieilles enseignes ornent toujours les devantures des boutiques et la tradition est toujours présente comme en témoignent les nombreux artisans qui peuplent l’allée, spécialisés pour la plupart dans la vente de mobilier moderne ou ancien. Difficile de s’en rendre compte en passant devant mais l’établissement qui se trouve au numéro 10, pendant la révolution de 1848, produisait des balles, de la poudre et des cartouches. Nous poursuivons notre chemin vers la place de la Nation. Les découvertes sont nombreuses. Savez-vous que la Cité de l’Ameublement abrite encore un matelassier en activité qui perpétue la tradition des matelas en laine sous nos yeux ? Nous terminons notre périple devant l’École Boulle qui a sa place dans ce quartier pour son enseignement des métiers d’art, de l’architecture intérieure et du design.

Lundi 9 décembre. Paris, la Ville Lumière, a aussi son côté sombre. Au détour de ses boulevards et rues du crime, sous les eaux troubles de la Seine, derrière les façades cossues de ses beaux quartiers, les grands truands ont longtemps eu droit de cité dans la capitale et l’histoire regorge de récits horribles prouvant que le Parisien peut être un loup pour le Parisien. Amateurs ou non d’affaires policières et de crimes sordides, cette promenade à travers le Paris du crime nous donne frissons et sueurs froides. Tour à tour nous évoquons le satanique docteur Petiot et ses 63 victimes, l’homme d’affaires Bassarabo plié en deux dans une malle, le tueur en série Landru, le directeur du Figaro criblé de balles par sa femme bafouée. Nous longeons des rues où des attentats ou tentatives d’assassinats politiques eurent lieu, celui du grand Maître du Temple Jacques de Molay, d’Henri IV, de Jean Jaurès, de Napoléon III.  Nous nous penchons sur le destin tragique de Jacques Fesch qui voulut juste voler des pièces d’or pour faire un tour du monde et finit sous le couperet de la guillotine. Dans la galerie Vivienne, nous jetons un œil sur l’« escalier Vidocq », qui, selon la rumeur, reliait le domicile du chef de la brigade de sûreté aux jardins du Palais-Royal pour lui permettre de prendre la fuite en cas d’urgence. Nous arrivons devant un lieu majeur de la police française, le 36 Quai des Orfèvres. Ce fut suite à l’incendie de la préfecture de police lors de la Commune de Paris en 1871, que la police judiciaire s’installa dans ces nouveaux locaux en 1913. Comme ils furent construits à l’emplacement d’un ancien marché aux volailles, les policiers furent bientôt surnommés « les poulets » ! Ce mythique siège de la police judiciaire de Paris sur l’Île de la Cité, a vu défiler des générations de policiers chevronnés et les plus célèbres criminels du pays. Attenant au bâtiment, le cadran du Palais de Justice annonce fièrement sa devise « HORA FUGIT STAT JUS » : l’heure passe, la justice demeure. Les statues représentent, en haut le Temps avec sa faux, et à droite la Justice qui pèse et tranche. Notre parcours nous emmène devant Notre-Dame de Paris dont nous admirons la façade resplendissante. Nous arrivons rue Chanoinesse devant le plus vieux restaurant de Paris fondé en 1512 et, à quelques pas de là, nous est contée l’histoire cauchemardesque du pâtissier de l’île de la Cité. Après cela, nous regarderons les tourtes avec attention avant de les déguster. Heureusement la légende des colombes amoureuses datant de la période de construction de la cathédrale nous réchauffe le cœur. Nous terminons notre randonnée place de Grève. Au Moyen-Âge cette place était une plage recouverte de gravier – une grève – utilisée pour décharger les produits transportés sur la Seine afin d’alimenter Paris. Le port qui s’y installa devint alors le plus important de la capitale et de nombreux hommes venaient y chercher du travail : ils faisaient « grève », c’est-à-dire qu’ils se tenaient sur la place de Grève en attendant de l’ouvrage… Ce qui donnera naissance à l’expression « faire grève ». Jusqu’au 19ème siècle, la place de l’Hôtel de ville de Paris resta la célèbre place de Grève : lieu incontournable des Parisiens pour la réception des marchandises depuis la Seine, les rendez-vous festifs et les exécutions publiques qui y eurent lieu de 1310 à 1832. Il reste à nous souhaiter une bonne nuit après cette marche parisienne particulière.

Mardi 10 décembre. De la porte Dauphine à Saint-Placide, nous commençons la traversée de Paris, approximativement d’ouest en est, depuis le bois de Boulogne jusqu’au centre de la capitale. Nous traversons de grands espaces verts, apercevons la Tour Eiffel, l’École Militaire, l’église du Dôme des Invalides…

Jeudi 12 décembre. De Chatou au Vésinet, nous longeons la Seine sous l’œil des belles demeures qui se reflètent dans le fleuve et sous le regard des hérons qui se baignent dans les lacs.

Lundi 16 décembre. Courbevoie accueille quatre randonneuses pour découvrir les différents trésors de la ville hébergés dans l’enceinte du parc de Bécon et ses pourtours : des bâtiments à l’architecture atypique, des perles de l’Exposition universelle de Paris de 1878 ou encore les vestiges du passé viticole de la ville.

Mardi 17 décembre. Autour de la Butte Montmartre, nous saluons Amélie Poulain, Louise Weber dite la Goulue, Dalida, le docteur Prost, Frédéric Dard et son San-Antonio, Jean Marais et Marcel Aymé, Francisque Poulbot, Charles Léandre, Saint-Denis, Gérard de Nerval, Jean-Pierre Aumont, Henry Lachouque, Pierre-Auguste Renoir, Raoul Dufy, Maurice Utrillo, Patachou, Georges Brassens, Edith Piaf, Hugues Aufray, Charles Aznavour, Johnny Hallyday, Louis Renault et sa voiture à pétrole, Jacques Brel. Toutes ces personnalités vont permettre à celles et ceux qui ne nous ont pas accompagnés aujourd’hui de deviner les lieux mythiques rencontrés au gré des dénivelés et qui sait de refaire notre circuit… N’est-ce pas ?

Jeudi 19 décembre. Nous nous rendons à Chartres. Nous avons décidé de profiter des illuminations nocturnes. Notre journée commence à la maison Picassiette. Noël et ses belles histoires approchent… Combien émouvante est celle de Raymond Isidore qui nous est contée par l’office de tourisme : Raymond est né le 8 septembre 1900 à Chartres. Alors qu’il a deux ans, ses parents se rendent compte qu’il est aveugle. A 10 ans, c’est dans la cathédrale Notre-Dame de Chartres qu’il va retrouver soudainement la vue et voir pour la première fois les couleurs à travers les vitraux. II épouse Adrienne en 1924 qui est veuve, a 11 ans de plus que lui et trois enfants, Son premier rêve est d’avoir une maison pour abriter sa famille. Il est cantonnier et elle est couturière. « Petit à petit, l’oiseau fait son nid », ils achètent ce terrain et Raymond construit cette maison en 1930. Au cours de ses promenades, il est attiré par le scintillement de morceaux de vaisselle cassée qu’il ramasse et dépose dans un coin de son jardin. En 1938, il déclare à sa femme avoir « une idée pour décorer la maison ». Pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, il va peindre, graver et déployer sa mosaïque du sol au plafond et dans chaque recoin de l’intérieur de la maison, jusqu’à la machine à coudre d’Adrienne qui lui dira : « Un jour je vais me réveiller, et tu m’auras recouvert de mosaïque ». En 1945, c’est la Libération, il sort et va orner les murs extérieurs et la cour d’entrée. Il dit être guidé par l’esprit, une voix à l’intérieur de lui qui lui dicte comment faire. Fidèle à sa croyance, il va poursuivre ainsi son œuvre toute sa vie. Arrivé à son « point terminus », il décède le 7 septembre 1964. Son corps est enterré au cimetière de Chartres et son esprit demeure ici, libre dans son jardin de Paradis. Afin de préserver ce patrimoine unique, la ville de Chartres rachète la maison à Adrienne en 1981. Elle est classée Monument Historique en 1983. On raconte que ce sont deux journalistes du magazine Radar qui, en 1952, en présence de Michel l’aîné des beaux-fils, auraient demandé à Raymond la permission de l’appeler Picassiette. Raymond donna son accord, et le journal titra : « Á Chartres, on l’a surnommé Picassiette ». Le surnom est lancé et vite adopté. Picassiette est aujourd’hui le nom de sa Maison, plus qu’un sobriquet, c’est l’identité d’un artiste et de son œuvre inspirée et inspirante. Raymond a construit seul sa maison, les rambardes autour, ainsi que toutes les parties du musée. Il travaillait avec du mortier, un mélange de ciment et de sable, qu’il déposait directement sur les murs avant de les graver avec son couteau. Pour les mosaïques, le mortier servait de colle. Il posait ensuite les tesselles et repassait une couche en guise de joint. Pour mettre du bleu et créer des reliefs avec d’autres couleurs, il utilisait de la poudre de peinture. Ses outils étaient : une truelle, un couteau et un marteau. On dit également qu’il avait toujours une bible avec lui. Raymond travaillait seul et n’acceptait pas qu’on le regarde faire. 53 ans de travail, 5 tonnes de débris de vaisselle et de verres multicolores ramassés, des centaines de kilomètres parcourus entre les décharges publiques et à travers les routes du pays chartrain. Voilà la vie de Raymond Isidore qui a laissé cette maison, une merveille de labeur artistique et donne des idées à certains de notre groupe. Qui va se lancer le premier ? Un déjeuner copieux complète la bonne humeur du jour. Savez-vous que Chartres est une ville de montées et de descentes. Nous grimpons jusqu’à sa cathédrale qui préside au sommet de la colline. Sa façade noircie nous laisse présager un intérieur bien sombre. Eh bien non ! Le ravalement est en cours. Les vitraux éclairent la dentelle en pierre du chœur. Nous nous laissons guider par les explications d’un conférencier qui prête à discussion (ou contestation?) mais nous acquérons quelques connaissances sur les proportions de l’édifice et leurs symboliques. Boire un chocolat chaud et déguster le Mentchikoff, une gourmandise chocolatée, spécialité chartraine, nous donnent des forces pour affronter le temps hivernal de la soirée qui commence. 17h45, les illuminations débutent, mettant en beauté le patrimoine de la ville. Nous marchons d’églises en lavoirs, de ponts en monuments, émerveillés par l’ajustement des projections aux sculptures des façades. Cette journée bien remplie a enchanté les participants.  

Nous voici en vacances : Joyeux Noël à tous !

Lundi 6 janvier. Suresnes déploie ses coteaux sur la rive gauche de la Seine. Ici, fini le temps des guinguettes, des teintureries, de l’industrie de l’automobile et de la parfumerie mais subsiste encore sa cité jardin construite de 1921 à 1956 sur un ancien plateau agricole choisi pour son exposition ensoleillée. Sa construction répondait aux motivations sociales du maire de l’époque, Henri Sellier. Suresnes fut un petit village viticole qui s’industrialisa au 19ème siècle en partie le long de la Seine avec toutes sortes d’entreprises. Le développement industriel entraîna un afflux de population laborieuse qui s’entassa dans des taudis malsains. La tuberculose et la mortalité infantile faisaient rage. La cité jardin accueilla plus de 8 000 habitants dans des appartements ou des pavillons d’une grande modernité avec le tout-à-l’égout, l’électricité, le chauffage par un poêle, l’eau courante et des toilettes. Dans un cadre verdoyant, la cité-jardin se voulait un lieu de vie complet. Elle était donc pourvue d’équipements nécessaires à l’épanouissement de tous : groupe scolaire, théâtre, lavoir, bains-douches, magasins coopératifs, résidence pour personnes âgées, centre de logement pour jeunes travailleurs, espaces verts, Nous la découvrons aujourd’hui. En 2024, nous avions déjà visité celles de Stains et de Noisiel.  Avec ses 42 hectares, celle de Suresnes est la plus grande d’Europe et l’une des mieux conservées. La météo ne nous est pas favorable mais qu’importe ! Des portiques en brique nous font entrer au cœur de cette cité. Des rues et des venelles traversent des îlots de pavillons individuels avec jardins ou d’immeubles collectifs de quatre étages. La monotonie a été évitée par les formes variées des immeubles, l’emploi alterné de la brique et du béton parfois incrusté de cailloux et par le décor des façades. L’art s’était introduit dans le quotidien. Nous déambulons au cœur d’une cité à l’architecture typique des années 1930, Au centre des îlots, des places arborées, des pelouses permettant les jeux de plein air, des jardins familiaux et le grand square Léon-Bourgeois, poumon vert de la cité-jardin, furent conçus comme des prolongements du logement. Une cité qui inventa un certain art de vivre et plaça l’humain au centre de l’aménagement. La cité jardin de Suresnes a traversé les années, a été restaurée, embellie, modernisée, elle reste le témoignage vivant d’un projet exemplaire d’habitat populaire.

Mardi 7 janvier. Dix randonneurs sous un soleil magnifique marchent dans le treizième arrondissement de Paris qui joue la carte du monumental en matière de street art. Des œuvres au format XXL ont investi les façades et les plus grands artistes de cet art ont pris d’assaut les murs du quartier. De la place d’Italie au métro Olympiades, notre parcours nous permet de découvrir quarante-sept œuvres principalement réparties le long du boulevard Vincent-Auriol, mais aussi dans les rues avoisinantes. Le plus grand Invader du monde dévoilé en novembre 2024 nous attend place d’Italie à la sortie du métro. L’artiste américain Obey, rendu mondialement célèbre avec son poster « Hope » de Barack Obama nous offre ici une Marianne en hommage aux victimes de l’attentat du 13 novembre, une « délicate balance » bilan de la COP 21…. C215 nous montre son chat fétiche, son garçon des favelas, une petite fille universelle avec une citation de Volodymyr Zelenski. La ballerine du duo new yorkais Faile, est l’une des plus grandes fresques d’Europe signée par l’artiste portugais Pantonio. Seth a peint un bambin en short, la tête dans un arc-en-ciel circulaire qui regarde ce qui se passe de l’autre côté du mur. Les photographes Jana & JS ont réalisé deux autoportraits dirigeant un de leurs appareils droit sur nous les spectateurs qui les contemplons. Nilko rend hommage à Tignous, victime des attentats de Charlie Hebdo avec des pandas sortis de sa bande dessinée comme satire de la société industrielle contemporaine et prise de conscience sur la menace qui pèse sur les pandas. Sur le bord de l’immeuble situé à l’angle de la place Pinel et du Boulevard Vincent Auriol, Bom K a peint une graffeuse, plutôt bohême, bombe de peinture à la main, une souris sur l’épaule, laquelle boit du thé dans une tasse où est écrit « I love Paris ». Ses proportions sont impressionnantes. Shozy a réalisé un immense trompe-l’œil sur le pignon d’un immeuble d’une quinzaine d’étages qui défie notre compréhension de la réalité. L’immeuble semble vu à travers un miroir déformant, des fenêtres rouges paraissant se détacher du mur. Pakone a mis en scène l’arbre Sakura, une métaphore du cerisier en fleurs avec un petit garçon sur sa balançoire. Plus loin, il dénonce l’industrialisation excessive et la consommation de masse avec une île flottant dans le ciel, son phare, des mouettes, son café du Port, et une jeune fille assise à l’extrémité du ponton. Inti Castro nous dévoile sa magnifique, superbe, géante Madre Secular (ou mère laïque) sur le boulevard Vincent Auriol et sa poupée andine très colorée jusque dans ses chapeaux et chaussons dans une rue adjacente. David de la Mano a décoré un mur à l’image des peintures rupestres avec de multiples silhouettes toutes de noir vêtues. L’artiste britannique Hush a représenté plusieurs Geishas dont les cheveux se transforment en un long drapé coloré. Nous rencontrons Evelyn Nesbit, danseuse de revue américaine dessinée par Btoy qui veut nous inviter à réfléchir à la place des femmes dans la société. Fabio Reti a reproduit l’inscription BACH que l’on aperçoit sous la fresque le représentant car, dans la notation allemande, B correspond à notre Si bémol, A au La, C au Do, et H au Si. Ces quatre lettres forment donc un court thème dont Bach lui-même s’est servi dans l’Art de la Fugue. Un immense plan de quartier tout en mosaïque disposé sur une façade nous indique notre position, les stations de métro les plus proches et le temps qu’il nous faut pour les rejoindre. Une fresque murale peinte par Edge sur un fond aux couleurs vives représente une fillette regardant le ciel, accompagnée d’un dragon puisque 2024 est l’année du Dragon et nous sommes dans le quartier chinois de Paris. La fresque « de tous les pays viendront tes enfants » apposée près de l’église Notre Dame de Chine fait face au tourbillon monumental de Pantonio, au héron bleu de Stew et au panda de Doudou style sur la place de Vénétie. Nous traversons le centre commercial Masséna pour retrouver la très colorée Mona Lisa peinte par l’artiste San Miguel Okuda : c’est un véritable patchwork de formes, de couleurs, de motifs qui contraste avec le magnifique visage de femme sans couleurs peint sur un mur de brique par l’artiste cubain Jorge Rodriguez-Gerada que nous admirons lors de l’ultime étape de notre après-midi.  Les hommes ont toujours écrit sur les murs que ce soit au temps des hommes des cavernes ou à l’Antiquité. Les artistes d’aujourd’hui nous ont offert un voyage tout en couleurs.

Jeudi 9 janvier. Le parc André Malraux à Nanterre est notre site de randonnée. Quelques notes de musique égrenées par le Carillon nous accueillent à la sortie du RER. Nous suivons une allée faite de rails et de traverses. Le jardin botanique est fermé sur le premier monticule d’où nous apercevons les sept tours rondes « Nuages » de La Défense, œuvre de l’architecte Aillaud. Nous visitons une chapelle de type nordique en brique et bois. Cygnes, canards, cormorans, mouettes, bernaches, poules d’eau sont plus nombreux que les promeneurs autour du lac. Depuis le troisième monticule, une vue superbe s’ouvre sur le parc cerné par les immeubles. Pour rentrer, nous passons devant l’Arena 92, site des compétitions de natation olympique 2024, pour arriver à l’Arche de La Défense.

Lundi 13 janvier 2025. Par un froid vif mais un soleil éclatant, nous tournons le dos au château de Maisons. Objectif, le chêne tricentenaire chu et sculpté à la tronçonneuse récemment par l’artiste breton Christophe Donnard suite à un appel à projet décidé par l’ASP. Toutefois, pour ménager le suspense, nous observons les constructions en cours (salle Malesherbes), terminées (avenue Albine et en dehors du Parc) et nouvelles le long de la ligne de chemin de fer. Après la piscine et un bref passage dans la forêt nous surplombons les Caves du Nord. Nous nous dirigeons vers les nouvelles maisons aux toits de chaume. Arrivant au chêne, stupéfaction devant l’œuvre monumentale. Gisant depuis la tempête de novembre 2023, il jaillit de ses restes en deux parties : une pour accueillir notre séant, l’autre s’élançant vers le ciel tel un cheval cambré. Nous poursuivons notre parcours verdoyant jusqu’au jardin du château. Belle journée locale.